MAADI - VIVA L’ARTISTA 2.0
(English below)
“Du 4 au 8 septembre 2025, le Musée d’Art actuel / Département des invisibles (MAADI) a présenté au Centre culture Georges-Vanier des oeuvres de Claudia Bernal, Natasha Clitandre, Livia Daza-Paris, Nadia Gagné, Alexis Gros-Louis, Maryam Izadifard,Isabelle Lapierre, Rojin Shafiei et Clara Tissot.
Depuis le MAC-i (2018), l’artiste Stanley Février agit comme artiste-collectionnneur, conservateur en chef et directeur du MAADI. Cette eouvre performative s’inscrit dans la tradition des musées d’artistes ancrés dans la critique institutionnelle, comme le Musée d’Art Moderne, Département des Aigles de Marcel Broodthaers et l’exposition Mining the Museum (1992) de Fred Wilson qui lui servent de modèle. Ce musée nomade repense sans relâche l’institution dévolue à l’art contemporain et célèbre l’apport des artistes de tous horizons à la vitalité culturelle. (…)
Ce musée performatif évolue depuis ses débuts pour inclure une pluralité de voix. Il contribue au partage du pouvoir dans les institutions, démocratise leur gouvernance, décolonise leurs récits, en s’attaquant aux causes profondes d’exclusion et de déséquilibre systémiques des pouvoirs. Cette itération ne fait pas exception. Au fil des démarches nécessaires pour réaliser l’exposition se sont révélés les modes de fonctionnement des institutions culturelles, autant leur dynamisme que leurs processus sclérosés. L’ensemble explore ainsi les forces et limites du milieu de l’art local.
Par ailleurs, les oeuvres retenues relèvent toutes en partie d’une recherche identitaire, réunies elles proposent une mosaïque de points de vue individuels variés.
Derrière la reproduction des parements de poterie autochtones, les mentions de lettres absentes de l’alpahbet Wendat et de son numéro de statut, Alexis Gros-Louis soulève des questions touchant l’autodétermination des peules et des individus. Claudia Bernal et Maryam Izadifard explorent divers aspects de l’expérience féminine et invitent à une ré-appropriation des stéréotypes qui la régissent. Natacha Clitandre fait écho à l’activité des jeunes dans une carrière désaffectée et oubliée du quartier Saint-Michel. À partir de photographies de famille, Livia Daza-Paris explore le vécu et l’histoire parfois traumatique de son immigration au Canada. Clara Tissot redécouvre la culture berbère de sa grand-mère, jusqu’ici peu exprimée. Nadia Gagnée utilise ses propres cheveux pour reproduire par feutrage une étiquette de vêtement, en mettant en avant son expérience intime dans la notice de fabrication et les consignes d’entretien. Rojin Shafiei explore quant à elle comment le temps module la présence au monde de tout individu. Dans un univers “surréaliste”, Isabelle Lapierre peint les fantasmes et les figures imaginaires qui la hantent, mais familières à plusieurs d’entre-nous.
En conclusion, je me permets de citer Naomi Fontaine s’adressant à chacun de nous selon une perspective autochtone : “Tu ne nous connaitra réellement que lorsque l’ensemble s’effacera pour faire place à chacun.” Telle est la quête identitaire mise en avant par cette exposition.
Marie Perrault - Commissaire invitée du MAADI “
©️: Photo Guy L'Heureux et Johanna Barlet
“From September 4 to 8, 2025, the Museum of Current Art / Department of the Invisibles (MAADI) presented works by Claudia Bernal, Natasha Clitandre, Livia Daza-Paris, Nadia Gagné, Alexis Gros-Louis, Maryam Izadifard, Isabelle Lapierre, Rojin Shafiei and Clara Tissot at the Centre culturel Georges-Vanier.
Since MAC-i (2018), artist Stanley Février has served as artist-collector, chief curator and director of MAADI. This performative work follows in the tradition of museum by artist rooted in institutional critique, such as Marcel Broodthaers' Musée d’Art Moderne, Département des Aigles and Fred Wilson's exhibition Mining the Museum (1992), which serve as models. This nomadic museum constantly rethinks the institution devoted to contemporary art and celebrates the contribution of artists to cultural vitality. (...)
This performative museum has evolved since its inception to include a plurality of voices. It contributes to the sharing of power in institutions, democratizes their governance, decolonizes their narratives by addressing the root causes of systemic exclusion and power imbalances. This iteration is no exception. In the course of the steps necessary to realize the exhibition, the modes of operating of cultural institutions were revealed, both their dynamism and their ossified processes. The whole thus explores the strengths and limitations of the local art scene.
Furthermore, the selected works all part of an exploration of identity, and together they offer a mosaic of varied individual points of view.
Behind the reproduction of Indigenous pottery facings, references to letters missing from the Wendat alphabet and his status number, Alexis Gros-Louis raises questions about the self-determination of peoples and individuals. Claudia Bernal and Maryam Izadifard explore various aspects of the female experience and invite us to reclaim the stereotypes that govern it. Natacha Clitandre echoes the activity of teens and young adults in a disused and forgotten quarry in the Saint-Michel neighbourhood. Using family photographs, Livia Daza-Paris explores the sometimes traumatic experience and history of her immigration to Canada. Clara Tissot rediscovers her grandmother's Berber culture, which until now had been little expressed. Nadia Gagné uses her own hair to reproduce a clothing label through felting, inscribing her intimate experience in the manufacturing notice and care instructions. Rojin Shafiei explores how time modulates the presence and the perception of every individual in the world. In a "surreal" universe, Isabelle Lapierre paints the fantasies and imaginary figures that haunt her, but which are familiar to many of us.
In conclusion, I would like to quote Naomi Fontaine speaking to each of us from an Indigenous perspective: "You will only truly know us when the whole fades away to make room for each individual." Such is the quest for identity highlighted by this MAADI's exhibition.
Marie Perrault - Guest Curator, MAADI"
©️: Photo Guy L'Heureux and Johanna Barlet